Le cerveau de l'enfant

Les recherches en neurosciences ont découvert que le cerveau de l'enfant commence à se développer  dans le ventre de sa maman. Il entend les bruits internes de sa maman, son cœur, ses intestins, les voix.

Il consomme le liquide amniotique et développe son palais. 

Il perçoit les émotions et l'état de sa maman.

In utéro, plusieurs milliers de neurones (cellules nerveuses) se créent à chaque seconde. Et à sa naissance, l'enfant possède déjà plus de 100 milliards de neurones.

 

A sa naissance, le cerveau du nouveau né pèse l'équivalent du 1/4 de celui d'un adulte. A son premier anniversaire, il doublera de volume, pour finir par tripler à ses 4 ans.

 

Le caractère de l'enfant est façonné par deux choses :

- les gènes familiaux, les prédispositions familiales,

- les expériences qu'il va vivre tout au long de sa vie

Un enfant qui serait né avec un caractère plutôt introverti, peut dépasser son introversion et même devenir extraverti en fonction des réactions de son entourage et de ce qu'il va vivre à l'extérieur.

 

Les découvertes scientifiques ont pu beaucoup évoluer grâce à l'invention de l'IRM (imagerie par résonnance magnétique) qui nous permet de voir ce qui se passe à l'intérieur du corps humain.

Le nombre de neurones à la naissance n'est pas le plus important, mais c'est la quantité et la qualité des connexions entre les neurones (synapses) qui est déterminant.

 

Le cerveau n'est considéré comme mature qu'à l'âge de 25 ans ! Les tout petits, entre 0 et 3 ans sont en pleine construction de leur maturité neuronale et émotionnelle. Il ne sont pas en capacité de raisonner comme un adulte. Il ne faut pas l'oublier. Leur personnalité se bâtit durant la petite enfance, comme les fondations d'une maison. Accompagner les tout petits dans la bienveillance, l'empathie et l'autonomisation est un acte de prévention précoce pour qu'ils deviennent des adultes épanouis.

 

Une des phrases clés de Maria Montessori résume bien l'apprentissage de l'autonomie chez le jeune enfant : "AIDE MOI A FAIRE SEUL". Cela signifie que l'adulte doit laisser l'enfant faire ses propres expériences, doit lui fournir un  cadre indispensable à sa sécurité physique, émotionnelle et intellectuelle (ce deuxième aspect est essentiel et souvent mis de côté par l'adulte) et l'adulte doit bien sûr être présent pour aider.

 

L'enfant a besoin de se nourrir de nouvelles découvertes et expérimentations. Il est important de lui apporter les moyens de développer sa curiosité par des activités ludiques, variées, et en répondant à toutes ses questions.

 

Les 5 âges du cerveau

Le cerveau atteint sa maturité à l'âge de 25 ans mais continue à se développer tout au long de la vie.

 

- 1er âge : jusqu'à la naissance

Dès le 28ème jour in utéro, l'embryon a la taille d'un grain de riz. Ses premières cellules cérébrales commencent déjà à émerger et forment des neurones. Plus de 3000 neurones se forment à chaque seconde. A 6 mois de grossesse, on en compte 90 milliards. Pourtant à la naissance, le cerveau est très immature, même si les cortex visuel et auditifs sont quasiment achevés.

 

- 2ème âge : l'enfance

Jusqu'à la puberté, le potentiel d'apprentissage est à son paroxysme. Le cerveau est d'une grande plasticité et les connexions entre les neurones sont très flexibles.

Le tout petit apprend chaque jour et relève des défis permanents, comme tenir sa tête, bouger les bras, le tronc, les jambes, avant d'accéder à la coordination des mouvements.

 

3ème âge : l'adolescence

Le cerveau adolescent a gardé de la flexibilité mais il y règne une cacophonie neuronale parce que le cerveau n'est pas totalement câblé. Les réseaux ont encore besoin de maturation et doivent éliminer les connexions produites en surabondance dans l'enfance. Cet élagage sélectif de la matière grise va se faire zone cérébrale par zone cérébrale.

 

Les travaux de Jay Giedd, pédopsychiatre de l'Institut de santé mentale, à Bethesda, sur ces centaines de jeunes gens soumis à une IRM tous les deux ans, du premier âge à plus de 20 ans, ont révolutionné la neurologie. Ces travaux montrent que cette maturation progresse de l'arrière du crâne vers les zones frontales : d'abord les zones sensorielles et motrices, puis celles impliquées dans le langage et l'orientation spatiale, et finalement les régions des fonctions supérieures exécutives et du traitement de l'information.

 

4ème âge : l'âge adulte

Les neuroscientifiques ont découvert que le cortex préfrontal, zone dédiée aux responsabilités, planifications, définition des priorités et à la maîtrise des émotions, n'arrive à maturité que vers 30 ans.

A 30 ou 40 ans, même si l'on ne s'en rend pas compte, la mémoire épisodique, celle des "je me souviens", décline rapidement. La mémoire de travail emmagasine de moins en moins d'informations et la vitesse de leur traitement ralentit.

De 25 à 65 ans environ, les connexions sont établies et fonctionnent en parfaite harmonie mais de nouveaux neurones continuent à se former en migrant vers des zones qui en ont besoin.

 

5ème âge : la vieillesse 

Le cinquième âge commence à 65 ans et plus tard selon le mode de vie et la poursuite ou non d'activités par la personne.

A partir de cette période, quand la personne réduit ses activités, va s'amorcer un déclin progressif des capacités cognitives. Ce sont surtout les connexions neuronales qui sont altérées.

Une personne de plus de 65 ans, encore en activité, ou ayant des loisirs enrichissants, une vie sociale, des contacts avec l'extérieur, des stimulations physiques et intellectuelles... pourra garder très longtemps des connexions neuronales en bon état de marche.

Plus notre environnement est riche en stimulations intellectuelles et sociales, plus notre cerveau est obligé d'établir des connexions entre ses neurones (de créer des synapses). Plus nous parvenons à obtenir des synapses tout au long de notre vie, et moins nous serons susceptibles de développer certaines pathologies mentales. Il est établi par exemple que l'apprentissage d'une langue étrangère, la prise de leçons d'un instrument de musique, quelques changements dans les habitudes, la reprise des études, la multiplication de contacts sociaux, favorisent la création de nouvelles synapse et préservent la bonne santé du cerveau (le cerveau est comme un muscle et a besoin d'être entraîné tout au long de la vie).

Pour garder le cerveau en bonne santé, une bonne hygiène de vie, une alimentation variée et suffisamment d'exercices physiques sont aussi à préconiser. Faire du sport est notamment recommandé pour prévenir l'apparition des maladies d'Alzheimer et de Parkinson.

En résumé, un cerveau ne s'use que s'il n'est pas utilisé...

 

L'importance du sommeil pour le cerveau

Le sommeil est important  pour une bonne hygiène du cerveau.

 

Les adultes qui souffrent de problèmes de sommeil chroniques sont plus susceptibles de développer une obésité car la régulation du sucre dans le sang est en partie bouleversée. Les problèmes de sommeil chroniques incitent les personnes à manger plus gras et plus sucré, ce qui les amène à prendre du poids. Et en cas de surpoids, il y a risque de faire des apnées du sommeil, ce qui va altérer le repos et les connexions neuronales.

 

Chez les enfants et les adolescents, le sommeil est encore plus précieux :

Toutes les fonctions cognitives, à l'image de la mémoire, la capacité de décision ou d'inhibition, sont favorisées par un sommeil régulier, nocturne et en quantité suffisante. Le sommeil favorise la consolidation des souvenirs.

 

Voici les recommandations de temps de sommeil selon l'âge :

- de 0 à 3 mois : entre 11h et 19h, la fourchette 14h-17h étant préconisée,

- de 4 à 11 mois : entre 10h et 18h, la fourchette 12h-15h étant préconisée,

- de 1 à 2 ans : entre 9h et 16h, la fourchette 11h-14h étant préconisée,

- de 3 à 5 ans : entre 8h et 14h, la fourchette 10h-13h étant préconisée,

- de 6 à 13 ans : entre 7h et 12h, la fourchette 9h-11h étant préconisée,

- de 14 à 17 ans : entre 7h et 11h, la fourchette 8h-10h étant préconisée,

- de 18 à 64 ans : entre 6h et 11h, la fourchette 7h-9h étant préconisée,

- plus de 65 ans : entre 5h et 9h, la fourchette 7h-8h étant préconisée.

La gestion du stress et des émotions pour préserver le cerveau

Le stress a une influence négative sur le cerveau et en particulier sur la mémoire.

Le cortisol, l'une des hormones du stress, est connu pour provoquer une atrophie de l'hippocampe, partie du cortex cérébral correspondant à la structure de la mémoire.

Les tout petits sont des éponges émotionnelles. Il est important que les parents puissent faire un travail sur la gestion de leurs émotions pour se sentir mieux en premier lieu mais aussi, pour ne pas impacter leur enfant.

Les dangers de la surstimulation

 

Pour bien se développer, un enfant a besoin d'être stimulé mais il est important de rester dans l'équilibre, car trop de stimulations peuvent lui être nuisible.

Une stimulation "normale" respecte le rythme de développement du tout petit sans chercher à forcer les choses. Elle se fera surtout grâce aux activités du quotidien et par le jeu.

Si chaque minute d'éveil de l'enfant est occupée par toutes sortes d'activités, si on est tout le temps en train d'essayer de lui apprendre ou de lui montrer quelque chose, la stimulation devient alors de la surstimulation. L'enfant a surtout besoin de calme et de moments pour s'amuser et explorer son environnement par lui-même.

Si l'enfant s'ennuie, c'est bénéfique car il doit alors trouver des idées pour s'occuper. C'est une occasion pour lui de développer sa créativité et son monde imaginaire.

De plus, l'encadrement constant de l'adulte lors des activités aura un impact sur son autonomie et sa capacité à utiliser son imagination.

L'excès de stimulation peut engendrer chez l'enfant de la fatigue, de l'irritabilité, du désintérêt pour certaines activités, de la difficulté pour s'endormir.

Et si les adultes ont des attentes élevées vis à vis de leur enfant, ce dernier peut ressentir une pression de performance. Il peut alors subir du stress et de l'anxiété car il a peur de décevoir. Il peut douter de ses capacités et donc perdre confiance en lui.

Comment éviter la surstimulation ?

- Permettre à l'enfant de jouer librement sans intervenir dans ses jeux. C'est important de jouer avec son enfant, mais tout le temps. Le jeu libre l'aide à développer son autonomie, sa créativité, sa confiance en lui et sa débrouillardise.

- Accepter que l'enfant se développe à son propre rythme : quand on tire sur une plante, elle ne pousse pas plus vite ! C'est la même chose pour l'enfant. Il ne sert à rien de lui montrer quelque chose qu'il n'est pas prêt à apprendre. Il est important de se concentrer sur ses progrès et de ne pas le comparer aux autres enfants.

- Limiter les apprentissages et activités organisées. Le tout petit ne devrait pas avoir un horaire trop chargé. Il a besoin de temps pour jouer dehors, pour s'inventer des jeux, pour rêver et pour explorer son environnement.

- Eviter les écrans avant l'âge de trois ans et limitez à partir de trois ans : en plus d'être très attirantes, les applications, les émissions et les vidéos pour enfants sont souvent une source de surstimulation sensorielle (sons, mouvements rapides, couleurs, etc...).

- Etre attentif aux signes de fatigue de l'enfant : s'agiter, pleurer, détourner le regard, s'opposer. L'enfant n'a pas besoin de parler pour indiquer qu'il en a assez. Dès que les signes de fatigue apparaissent, il vaut mieux cesser l'activité en cours pour lui permettre de se reposer.

La surstimulation par les écrans

Lorsque les enfants sont exposés trop jeunes aux tablettes, smartphones ou à la télévision, cela peut avoir des conséquences sur leur développement et leur santé.

C'est pour cela que leur usage, notamment chez les moins de six ans, fait l'objet de nombreuses recommandations.

Maren Strenziok, chercheur, explique que les images violentes ont un impact sur le cerveau supérieur, le cortex, qui a comme rôle de réguler les émotions et de prendre des décisions.

Il explique également que l'usage prolongé des écrans peut créer un déficit d'attention chez beaucoup d'enfant.

Au terme d'une étude, menée par le département de médecine de l'Université de Rennes en 2019, Santé Publique France prouve que les troubles primaires du langage chez les 3-6 ans peuent aussi être associés à cette surexposition aux écrans.

Les résultats d'autres recherches ont étayé ces faits et mis en évidence le lien entre troubles attentionnels, retards d'apprentissage, troubles du sommeil et surexposition.

Une étude canadienne dirigée par Linda Pagani, Professeur à l'Ecole de Psychoéducation de l'Université de Montréal, a pu établir un lien entre la durée d'exposition devant la télévision à deux ans et un retard de développement des compétences cognitives à cinq ans.

Une autre étude, française, publiée en janvier 2020, a été réalisée auprès d'un échantillon d'enfants en Ille et Vilaine. Ceux exposés aux écrans le matin, avant l'école, qui ne discutent pas ou rarement avec leurs parents de ce qu'ils regardent, ont six fois plus de risques de développer des troubles primaires du langage.

Les écrans peuvent entraîner un comportement addictif comme une drogue.

 

Quelques recommandations de Santé Publique France :

- pas d'écran avant trois ans,

- les enfants de 3 à 6 ans ne doivent pas être exposés plus de 20 mn par jour,

- pas plus de deux heures par jour devant les écrans à partir de 6 ans.

 

Les recherches sur le cerveau

C'est au 20ème siècle que les chercheurs ont compris le cerveau dans sa globalité.

Les émotions ne proviendraient pas du cœur mais du cerveau. Il ne serait donc pas juste de parler d'une "peine de cœur". Il faudrait dire "peine de cerveau"...

 

Les rôles principaux du cerveau sont, d'une part, d'assurer le fonctionnement coordonné de tous les organes, et d'autre part, d'agir sur l'environnement.

 

L'homme a le cerveau le plus volumineux, proportionnellement à sa taille, parmi toutes les espèces animales. Le cerveau d'un adulte pèse 1,3kgs. Il est gros par rapport à la taille de la boite crânienne. C'est pourquoi, pour pouvoir y rentrer, il est plein de plis, appelés des circonvolutions. Il ressemble à une noix. Et comme une noix, il est protégé comme par une coquille, la boite crânienne.

Il est aussi recouvert d'une enveloppe protectrice : les méninges.

Il se compose de deux blocs reliés entre eux, appelés des hémisphères, le droit et le gauche.

 

A l'intérieur du cerveau :

Le cortex, la matière grise, c'est le bureau du chef, l'endroit où sont prises les décisions : le siège de notre pensée,

A l'étage en dessous, d'autres éléments : le Thalamus. L'hypothalamus qui contrôle notamment la faim et la soif,

Le cervelet qui a un rôle important dans l'équilibre du corps et la coordination des gestes.

Toutes ces structures sont constituées de cellules comme dans l'ensemble du corps. Pour le cerveau, ces cellules sont appelées des neurones.

 

 

La santé mentale

Daniel Siegel, pédiatre américain et psychologue pour enfants et adolescents, a effectué de nombreuses recherches sur le pouvoir de l'éducation sur le développement du cerveau. Selon lui, le bien-être est une sensation fabriquée par le cerveau. Il a publié de nombreux ouvrages pour les professionnels autour de la neurobiologie interpersonnelle. Cette notion explore la façon dont le cerveau se développe et change en fonction des relations. Les relations positives engendrent des changements positifs. Ceux-ci peuvent impacter favorablement la guérison de ceux qui ont souffert d'un traumatisme. Selon Daniel Siegel, les principes de la neurobiologie interpersonnelle permettent de développer plus facilement la compassion, la gentillesse, la résilience, le bien-être dans nos vies personnelles et nos relations.

 

Daniel Siegel définit la santé mentale comme la capacité à naviguer sur la "rivière du bien-être". Le cours d'eau de la rivière représente le bien-être. On est en harmonie quand on est au milieu.

L'une des berges est celle du chaos, un espace où l'on perd le contrôle. On est pris dans des rapides, la confusion et l'agitation nous submergent.

L'autre berge n'est pas sans danger non plus, celle de la rigidité. On cherche à exercer le contrôle sur tout et tout le monde autour de nous.

Afin de préserver notre santé mentale et émotionnelle, il faut éviter de s'approcher ou de rester sur l'une des deux rives. Il faut rechercher l'équilibre entre les deux berges.

Le rôle de l'adulte est d'accompagner l'enfant sur sa propre rivière, à naviguer entre chaos et rigidité.

 

 

Le fonctionnement du cerveau

Le cerveau étant trop complexe, les scientifiques ont élaboré plusieurs schémas pour tenter d'expliquer son fonctionnement.

 

Le premier schéma se base sur les fonctions des hémisphères droits et gauches.

 

L'hémisphère gauche du cerveau contrôlerait la pensée analytique, la logique, le langage oral, le raisonnement, l'écriture, l'esprit scientifique, l'aptitude avec les chiffres et le contrôle de la main droite.

 

L'hémisphère droit du cerveau contrôlerait l'ouverture aux arts, la créativité, l'imagination, l'intuition, la perspicacité, la mémoire spaciale, la sensibilité à la musique et le contrôle de la main gauche.

 

Daniel Siegel quant à lui, compare le cerveau à une maison à un étage.

 

Le rez de chaussée loge les pièces où sont gérés les besoins basiques d'une famille : la cuisine, la salle à manger et les toilettes. Le cerveau bas est donc composé des zones qui organisent les fonctions primaires du corps. Il comprend le lobe temporal et le cervelet. Il est constitué

- du tronc cérébral (reliant les hémisphères cérébraux à la moelle épinière. C'est lui qui contrôle les fonctions vitales du corps comme les battements du cœur, la respiration, la tension artérielle. Il commande aussi la mobilité des yeux, les mouvements du visage et de la déglutition. C'est la zone de passage des informations aux corps)

- et du système limbique, (appelé parfois cerveau émotionnel car il est le siège des émotions. Il joue un rôle important dans le comportement et en particulier dans diverses émotions comme l'agressivité, la douleur morale, la peur, le plaisir et la mémoire) avec l'amygdale (qui joue un rôle essentiel dans la gestion des émotions, notamment la peur et l'anxiété).

Les scientifiques définissent ces aires comme primitives. Elles sont responsables de fonctions basiques ou innées, tel que la respiration, la fuite, la colère ou la peur.

 

Le cerveau haut comprend le lobe frontal, le lobe pariétal, le lobe occipital. Il est constitué du cortex cérébral (couche de substance grise située à la surface des hémisphères cérébraux. Il contient les corps cellulaires de neurones et est responsable des fonctions les plus élevées du cerveau. Il permet les fonctions élaborées telles que le langage, la mémoire, le raisonnement, la conscience, la commande de mouvements volontaires) et du cortex préfrontal situé derrière le front (le cortex préfrontal est le siège des différentes fonctions cognitives dites supérieures, notamment le langage, la mémoire de travail, le raisonnement, et plus généralement les fonctions exécutives. C'est aussi la région du goût et de l'odorat. C'est l'une des zones du cerveau qui a subi la plus forte expansion au cours de l'évolution de l'homme).

Les fonctions associées sont la mémoire, la conscience, le raisonnement.

 

Le développement du cerveau se fait du bas vers le haut, du fonctionnel, rapidement finalisé, aux fonctions supérieures, plus longues à se développer. Chez l'enfant, le cerveau du bas est bien formé à la naissance. Le rôle de l'adulte sera de l'accompagner à développer son "cerveau du haut" Cependant ce développement ne s'achèvera qu'aux environs de 25 ans.

La notion d'intégration définie par Daniel Siegel

Il y a différentes zones du cerveau permettant de voir, d'entendre, de penser, de sentir, de ressentir, d'agir, de décider, de planifier. L'intégration permet aux différentes aires cérébrales de fonctionner comme un tout, de coordonner et d'équilibrer les différentes régions du cerveau.

Lorsque votre cerveau est sain, tous ces domaines travaillent ensemble : ils sont INTEGRES.

L'intégration permet aux différentes aires cérébrales de fonctionner comme un tout, de coordonner et d'équilibrer les différentes régions du cerveau.

 

L'intégration doit s'effectuer :

- Horizontalement : le cerveau gauche composé de la logique, doit collaborer avec le cerveau droit, qui lui est émotionnel,

- Verticalement : les aires cérébrales supérieures qui permettent de réfléchir aux actes, s'accordent avec les parties inférieures, liées à l'instinct et à la survie.

 

La théorie de l'intégration s'applique à l'adulte comme à l'enfant puisqu'elle s'appuie sur les découvertes des neurosciences indiquant que :

- le cerveau est malléable ; il se modifie physiquement au cours de l'existence, et non pas exclusivement au cours de l'enfance ;

- ce sont les expériences qui modifient la plasticité du cerveau.

 

La notion de plasticité cérébrale est une notion essentielle dans le développement global de l'enfant.

L'accompagnement de l'adulte

Un accompagnement bienveillant permet à l'enfant de mieux se développer. Chaque bisou, chaque changement de couche, chaque jeu et chaque expérience influencent la création de nouvelles synapses. Ces connexions sont essentielles au développement du cerveau de l'enfant.

En proposant à l'enfant de vivre de nouvelles expériences, l'adulte contribue à créer des connexions entre les différentes parties du cerveau de l'enfant (synapses).

Un enfant qui parle de ce qu'il ressent développe une intelligence émotionnelle et comprend mieux ses émotions et celles des autres. Proposer aux tout petits des lectures et de petits jeux axés sur les émotions permettra à l'enfant de mieux les comprendre.

Faire parler un enfant d'un incident qu'il a vécu ne va pas le traumatiser mais la parole, le dessin ou la parole de l'adulte bienveillant à l'écoute des réactions de l'enfant, vont activer le cerveau gauche et permettre à l'enfant de rationaliser un évènement et de le classer en expérience de vie. C'est pourquoi il est important de faire parler ou de parler d'un incident avec un enfant. Un incident non intégré va devenir un traumatisme qui va rester dans la zone émotionnelle.

Quand cela est possible, il est important de laisser à l'enfant la possibilité de raconter, de l'inviter avec des questions ouvertes et de l'accompagner dans son récit, sans l'influencer.

Le rôle des adultes est de faciliter l'intégration des enfants, pour qu'ils puissent efficacement développer la totalité de leur cerveau.

 

Connecter les deux hémisphères du cerveau pour trouver l'équilibre

Les enfants ont un hémisphère droit dominant jusqu'à l'âge de 3 ans. Ils ne maîtrisent ni la logique ni la parole et vivent uniquement dans l'instant.

Il est normal qu'un enfant dérange tous les jouets et passe de l'un à l'autre sans rien ranger. La logique, le temps, la planification, les responsabilités, sont pour lui des notions impossible à intégrer.

La période des "pourquoi" incessants montre que son cerveau gauche commence à prendre de l'importance. La compréhension des relations de cause à effet est ainsi typique du cerveau gauche.

 

Pour mener une vie d'adulte équilibrée, il est crucial que les deux hémisphères collaborent. L'un ne doit pas prendre le dessus sur l'autre.

Par exemple, nager avec un seul bras est possible mais demande des efforts supplémentaires pour aller droit.

Si le cerveau droit prend le dessus, nous risquons de nous noyer dans un flux d'émotions et de sensations corporelles.

A l'inverse, exploiter seulement le cerveau gauche reviendrait à vivre dans un désert émotionnel.

 

Quand on vit une situation difficile, la première réaction pour ne pas être submergé par ses émotions est de  tenter de rationaliser avec notre cerveau gauche ("il n'y a aucune raison pour que je ressente cela, tout va bien"). Les signaux non verbaux du corps, émanant du cerveau droit (envie de pleurer, déception, peur, tremblements...), sont pourtant les révélateurs de nos véritables sentiments face à la situation. On peut alors revenir à nos sentiments réel en mobilisant le cerveau droit, par exemple, en racontant ce que l'on ressent, ce qui nous permet de mettre en lumière nos sensations, nos émotions. Ainsi, d'une émotion logée dans le cerveau droit naîtra un raisonnement dans le cerveau gauche. Car les sensations corporelles et les émotions sont gérées par le cerveau droit et la narration est gérées par le cerveau gauche.

 

C'est pourquoi, il est important de faire raconter à un enfant ce qui le chagrine pour que ce qu'il vit ne devienne pas un souvenir douloureux refoulé qui pourrait se réveiller plus tard dans une situation qui lui rappelle ce moment (un son, une odeur, une ressemblance... pourrait alors réveiller un souvenir dans l'inconscient et créer un mal être inexplicable et inapproprié).

En faisant raconter à l'enfant les sensation qu'il ressent, un adulte l'accompagne, grâce à l'intégration, à passer ce moment difficile. Ainsi, en proposant à l'enfant de s'exprimer, l'adulte permet aux deux hémisphères de collaborer et de transmettre les informations entre eux. C'est le principe de l'intégration.

 

Comment faire en tant qu'adulte pour répondre à une émotion de l'enfant :

 

L'adulte doit se mettre sur la même longueur d'onde que l'enfant et  communiquer avec le cerveau droit de l'enfant avec son propre cerveau droit.

Par exemple, à un enfant qui refuse d'aller se coucher et reproche à sa maman d'aimer plus sa petite sœur que lui. La maman, tout en lui faisant un câlin en se mettant à sa hauteur, lui dit :

"Parfois ce n'est pas facile d'être un grand frère. Tu es mon grand garçon. Je t'aime très fort. Je suis obligée de m'occuper beaucoup de ta petite sœur en ce moment parce que c'est un tout petit bébé, comme toi quand tu étais un petit bébé, mais elle va grandir et je pourrais de plus en plus me dégager du temps pour qu'on fasse des activités ensemble."

L'enfant va se consacrer sur ses sensations et les signes non verbaux (le câlin de sa maman, la voix douce et rassurante, le regard compatissant et empathique). Ces petits gestes vont l'aider à se connecter à son cerveau droit.

Puis la maman peut ajouter :

"J'essaye d'accorder le temps nécessaire à chaque enfant. Je te propose que demain, on réfléchisse ensemble à une organisation qui nous permette de passer un peu plus de temps tous les deux. Pour le moment, il est temps pour toi d'aller dormir car tu en as besoin."

La discussion rationnelle est repoussée au lendemain.

En pleine tempête émotionnelle, ce n'est pas le moment pour que l'enfant puisse avoir une conversation logique sur son attitude et ses émotions. Lorsqu'il sera calme, il pourra plus facilement accéder à son cerveau gauche.

La maman est comme un sauveteur en mer. Lorsque l'enfant se noie, il est inutile de lui dire "je t'avais dit de ne pas t'éloigner, il fallait m'écouter". Il faut d'abord gérer l'urgence et lui porter secours. Lorsqu'il est au calme, on peut lui parler de son comportement. De plus, un enfant en pleine tempête émotionnelle risque d'agir en miroir. Si vous utilisez votre cerveau droit durant ce moment ("tu me fais de la peine, je n'en peux plus, tu m'épuises..."), vous risquez d'emprunter une discussion sans issue. Repousser la discussion rationnelle est donc utile à tous.

 

Lors de la discussion, le lendemain, quand l'enfant est calme, l'adulte peut reprendre la discussion en relatant les fais principaux de l'histoire pour aider l'enfant à se rappeler les détails. Au fur et à mesure de son récit, l'adulte pourra demander des précisions à l'enfant, relatives au 5 sens, c'est à dire au visuel, au toucher, à l'audition, éventuellement au goût ("quand nous sommes arrivés sur la plage, la marée était haute ? Et le sable très chaud ? Nous nous sommes installés sur nos serviettes. La tienne était de quelle couleur déjà ?...). Il sera utile de se servir de la répétition et de la reformulation des faits. Et l'adulte pourra orienter le dialogue en fonction des réponses verbales et non verbales de l'enfant. 

 

Même les enfants très jeunes, sont sensibles à la narration de leur histoire. Par exemple, une petite fille de 11 mois qui est tombée et s'est écorchée le genou chez sa mamie, va solliciter son cerveau droit. Son cerveau droit est à l'écoute de son corps et de sa douleur. Elle a la sensation que sa douleur ne partira jamais. C'est pourquoi, il est important qu'un adulte lui décrive la chute, mette des mots et de l'ordre dans sa mésaventure. La petite fille associera la cause à sa douleur. Elle comprendra ainsi que celle-ci va s'atténuer. On peut utiliser la narration dès la naissance pour accompagner l'enfant à solliciter son cerveau comme un tout.

 

Le cerveau bas et le cerveau haut

Pour rappel, le cerveau bas concentre les zones primaires, nécessaires à la vie et la survie. Le haut concentre les fonctions plus complexes.

 

L'Amygdale : de la taille d'une amande, l'amygdale fait partie du système limbique qui se situe dans la partie basse du cerveau.

Son rôle est d'analyser et d'exprimer rapidement certaines émotions telles que la peur et la colère.

Elle permet au corps de réagir rapidement face à un danger immédiat. Lors d'une menace, elle prend le contrôle sur le cerveau d'en haut et agit avant de réfléchir.

Cependant, les situations "normales" de la vie quotidienne ne sont pas constamment des menaces. Hurler des obscénités dans les bouchons n'est pas considéré par l'amygdale comme une menace.

Un enfant de deux ans qui hurle pour aller au parc alors qu'il pleut dehors s'apparenterait plus à ce qu'on appelle "piquer une crise". D'une certaine façon, l'enfant n'a pas encore la capacité de raisonner. Le cerveau d'en bas prend le dessus et bloque l'accès vers le haut. Il faut d'abord contrôler la crise avant de pouvoir raisonner.

En connectant l'enfant à ses sens, ses émotions fortes diminueront.

 

Suite à une tempête émotionnelle, on peut aider l'enfant à comprendre ce qu'il s'est passé. On lui proposera alors de réfléchir à une solution pour la prochaine fois et lui exposer le comportement que l'on attend de lui.

En écoutant les ressentis, besoins et les propres émotions de l'adulte, l'enfant arrivera à mettre des mots sur les siens. L'adulte posera les choses avec des phrases similaires aux phrases suivantes : "Explique-moi", "trouvons une solution qui convienne à tous les deux", "j'aimerais comprendre". Les attentes de l'adulte doivent être réalistes pour permettre une bonne intégration. Il sollicite ainsi le cerveau du haut de l'enfant.

 

Le cerveau du haut est comme un muscle, on peut l'exercer, l'entraîner. A force d'entraînement, il se développe, se renforce et s'améliore. Faire un choix, par exemple, sollicite la fonction décisionnelle du cerveau, don le cerveau "haut". Elle entre en action quand nous hésitons entre deux options. Avant de décider, le cerveau compare les possibilités qui nous sont données pour sélectionner la meilleure. Il est possible et recommandé d'entraîner cette fonction dès le plus jeune âge, en laissant le choix à l'enfant : "veux-tu mettre un pull rouge ou bleu ?", "veux-tu de la viande ou du poisson ?"

 

Voici quelques conseils à donner à l'enfant lorsqu'il est violent ou en colère :

- prends une grande inspiration,

- comptes jusqu'à 10,

- tapes dans un coussin,

- trépignes des pieds...

Laissez-le ou aidez-le à se calmer en le connectant à ses sens, comme le toucher, la vue, l'ouïe...

 

La mémoire

Chaque fois que nous vivons une expérience, les neurones s'activent avec des signaux électriques et se connectent à d'autres neurones. Ces liens créent des associations et chaque association modifie les liens entre les neurones et la structure du cerveau.

Lorsqu'on fait appel à un souvenir, ce n'est pas la reproduction exacte de la réalité. La mémoire ne fonctionne pas comme une photocopieuse. Le souvenir se déforme de façon inconsciente alors qu'on est persuadé d'être complètement fidèle à ce qu'il s'est passé. C'est la raison pour laquelle, quand deux personnes racontent un souvenir commun, elles n'ont pas le même récit. Le souvenir est enregistré dans le cerveau mais aussi l'état d'esprit et les ressentis du moment, différents d'une personne à l'autre.

De plus, le souvenir se déforme et change dans le temps.

 

Mémoire implicite, explicite, traumatique.

 

On différencie la mémoire implicite (les choses que l'on fait instinctivement sans avoir à faire appel à sa mémoire) qui est plutôt inconsciente et la mémoire explicite (qui nécessite un effort de réflexion pour s'en souvenir) qui est consciente. Dans le langage courant, lorsqu'on parle de mémoire, on mentionne la mémoire explicite, le souvenir d'expériences passées. Mais on oublie l'impact de la mémoire implicite.

 

La mémoire implicite est anténatale, elle se forme avant même la naissance. Les nouveau-nés se souviennent des sons, des voix qu'ils ont entendu dans le ventre de leur mère. L'information a été encodée comme un souvenir implicite. C'est dans la mémoire implicite que les expériences agréables et désagréables sont stockées (expérience = sensations). Mais on ne retient pas l'expérience qui est à l'origine du ressenti mémorisé.

 

Au cours des 18 premiers mois, le nourrisson ne mémorise que des souvenirs implicites. C'est cette mémoire implicite qui va forger l'enfant au cours de ses premiers mois. Il est important que le bébé ne conserve pas toutes ses peurs et ses frustrations gravées dans cette mémoire. Le rôle de l'adulte est d'éviter que les traumatismes de l'enfant se gravent dans sa mémoire implicite inconsciente.

 

La mémoire traumatique est une mémoire sensorielle, émotionnelle, physique, qui n'est pas intégrée par le circuit de la mémoire. Elle est implicite et donc inconsciente. Cette mémoire reste bloquée dans un espace du cerveau et ré-envahit la personne au moindre lien avec l'évènement déclencheur. La mémoire de ce qui se passe reste en l'état, hors du temps, et fait revivre les évènements traumatiques comme une machine à remonter le temps sans pour autant que l'enfant se souvienne du traumatisme initial. Ces souvenirs gravés dans la mémoire implicite, et donc dans l'inconscient, peuvent hanter les enfants jusqu'à l'âge adulte. Pour surmonter les moments difficiles provoqués par la mémoire traumatique restée gravée dans l'inconscient, l'enfant puis l'enfant devenu adulte, risque de mettre en place des stratégies de survie pour ne pas souffrir, comme les phobies, les conduites à risques, les addictions, les hallucinations... Pour éviter que les évènements difficiles vécus par l'enfant se transforment en mémoire traumatique, il est important de verbaliser avec l'enfant ce qu'il s'est passé. Cette narration de l'évènement avec l'enfant va aider à transformer le souvenir en un souvenir explicite et sensé, qui n'aura pas de mauvaise influence sur l'enfant plus tard.

 

La mémoire explicite se divise en deux catégories : épisodique et sémantique

 

La mémoire explicite implique la récupération consciente de l'information. Elle se divise en deux catégories, la mémoire épisodique et la mémoire sémantique.

La mémoire explicite est souvent associative. Le cerveau relie les souvenirs entre eux (on pense à un biberon et la mémoire fait survenir une multitude de mémoire associées (un bébé, le temps du repas...).

 

La mémoire épisodique est une mémoire autobiographique consciente. Elle contient les souvenirs que l'on arrive à faire remonter et à raconter, de notre vie et du passé (récupération consciente de l'information).

Dans le cerveau, l'Hippocampe est une petite zone primordiale pour la mémoire. Il peut être considéré comme le moteur de recherche de l'extraction des souvenirs et rassemble toutes les images, émotions et sensations de la mémoire implicite pour créer un tableau de nos expériences passées. Selon des études de l'INSERM, l'hippocampe serait le siège de la mémoire épisodique à long terme, c'est à dire l'ensemble des évènements de l'existence dont le souvenir a été conservé.

 

La mémoire sémantique est la mémoire des faits et des connaissances.