Les émotions et le stress de bébé

Il ne faut pas confondre émotions et stress même si ces deux états sont intimement liés.

Les émotions sont liées à des situations prévisibles, que nous pouvons contrôler (mais pas toujours), que nous avons parfois déjà vécues et dans lesquels nous ne sommes pas forcément en danger.

Le stress est entraîné par une variété de situations.

Les émotions ne sont ni bonnes ni mauvaises, elles constituent une réaction biologique à un événement extérieur. Elles sont universelles et nous permettent de nous adapter à notre environnement.

Pendant la toute petite enfance, le cerveau est en formation. C’est donc le cerveau archaïque et émotionnel qui prennent le dessus.

Le tout petit n'est pas en capacité de gérer ses émotions. La partie du cerveau qui régule nos émotions est mature vers l'âge de 15 ans .... donc dans la toute petite enfance, il n'a pas encore les moyens de pouvoir les réguler et les gérer :

"CE N'EST PAS QU'IL NE VEUT PAS mais QU'IL NE PEUT PAS !"

Ne l'oublions pas !

Pour comprendre une émotion, il faut arriver à voir et comprendre le besoin ou le désir caché derrière.

Voici ce qu'il faut retenir :

1 - UNE EMOTION EST TOUJOURS RELIEE A UN BESOIN

LES EMOTIONS PRIMAIRES

LA HONTE :

CAUSES : Non alignement avec les valeurs, moquerie, jugement

BESOINS : Restauration de l'estime de soi et des valeurs

LA COLERE :

CAUSES : frustration, injustice

BESOINS : Réconfort, acceptation, réparation

LA JOIE

CAUSES : réussite, émerveillement, gratitude

BESOINS : Partage, lien, réjouissance

LE DEGOUT

CAUSES : nocivité, irrespect pour l'intégrité physique

BESOINS : Sécurité, respect

LA TRISTESSE

CAUSES : perte, séparation, échec

BESOINS : Réconfort, amour

LA PEUR

CAUSES danger, inconnu, insécurité

BESOINS : Protection, sécurité,  aide

Les émotions émergent pour attirer l'attention sur un besoin non satisfait :

Apprendre en tant qu'adulte, à raisonner en terme de besoins de l'enfant :

Parole de l'enfant : "Tu préfères Paul à moi, tu lui fais toujours plus de câlins  !!!"

(Il est indispensable de laisser le temps à l'enfant d'exprimer ses émotions afin de nous permettre de comprendre (quand c'est possible) les besoins ou désirs sous-jacents)

DECODAGE : Le besoin exprimé :  besoin d'attention, d'affection , de reconnaissance

(Se concentrer plus sur le besoin qui émerge, mettez votre "décodeur" à besoin ; décodeur spécifique à chaque enfant afin d'apporter des réponses les plus justes possibles.)

Réponse de l'Adulte : Tu as le sentiment que je préfères Paul à toi ? Tu voudrais plus de câlins?

(Répondre au besoin de l'enfant)

L'article "Bien être en petite enfance : la clé est au cœur des émotions" permet de mieux comprendre l'importance de décoder les émotions de l'enfant :

On entend souvent parler de caprice ! Mais qu'est-ce donc ?

vidéo 1/ "Le cerveau dans la main, pour aider l'enfant à gérer leurs émotions" Une leçon illustrée extraite du livre « Le cerveau de votre enfant » du Dr Daniel Siegel et Tina Payne Bryson. Cette vidéo permet aux enfants de comprendre ce qui se passe dans leur cerveau lorsque l’émotion est trop grande et que l'enfant fait une colère.

Les colères, peurs, chagrins et excitations des enfants ne sont pas des caprices.

vidéo 2/ Interview d'Isabelle Filliozat : "Prévenir les "caprices" grâce au jeu. Elle aide les adultes à mieux comprendre le comportement des enfants, à désamorcer leurs "caprices", leurs colères et autres crises de rage face auxquelles nous sommes souvent démunis.

Les enfants ont des comportements qui nous déstabilisent. Un caprice, c'est l'étiquette qu'un adulte pose sur le comportement de l'enfant qu'il ne comprend pas. 

2 - S'ATTACHER POUR MIEUX SE SEPARER

Cette vidéo de Catherine Gueguen (pédiatre, spécialiste des neurosciences et référence dans le monde la petite enfance) intitulée "les besoins de l'attachement", vous permettra de mieux comprendre le lien entre :

- le développement du cerveau de l'enfant, 

- la gestion des émotions,

- le besoin d'attachement.

Elle met également en avant l'importance de parler des besoins fondamentaux de l'enfant et de notre posture bienveillante auprès de lui pour lui permettre un meilleur épanouissement.

Bonne vidéo :-)

Dans cette courte vidéo le Dr Brené Brown nous rappelle que nous ne pouvons créer un véritable lien d'empathie que si nous sommes assez courageux pour faire face à nos propres faiblesses.

Accueillir ou nier l'émotion

3 - OUTILS

Quel comportement face à l'émotion de l'enfant ?

Les étapes pour accueillir l'émotion de l'enfant

Quels outils proposer à l'enfant ?

1 - ENFERMER LA PEUR   

a/ DESSINER OU COLORIER LA PEUR   

b/ PLIER OU FROISSER LA FEUILLE  

c/ PLACER LA FEUILLE DANS LA BOITE  

d/ REFERMER LA BOITE    

2 - MESURER LA PEUR

3 - BROYER ET JETER LA COLERE  

a/ ROULER EN BOULE UNE FEUILLE   

b/ JETER LA FEUILLE EN SOUFFLANT PROFONDEMENT 

4 - LA CHAISE DE RETOUR AU CALME 

L'ENFANT CHOISIT UEN CHAISE DANS LAQUELLE IL POURRA 

  RETROUVER SON CALME    

LA PANOPLIE

5 - LA CHANSON DES EMOTIONS

6 - LES CARTES EMOTIONS

7 - COMPTINE

8 - ROUE DES EMOTIONS

9 - CARTES COLERE

10 - MOUVEMENTS DETENTE

11 - MEMORY EMOTIONS

12 - SOUFFLER

13 - BOITE A COLERE

14 - BOUTEILLES SENSORIELLES

15 - MEDITATION POUR LES ENFANTS

16 - CARTES EMOTIONNELLES

Dans l'article ci-dessous nommé "Gadgétiser les émotions" écrit par H.Junier vous prendrez du recul sur tous ces nouveaux outils.

Il est important de ne pas oublier que la baguette magique n'existe pas, et que l'utilisation de trop d'outils n'est peut-être pas la solution à tout! N'oublions pas que l'essentiel, pour que l'enfant développe son intelligence émotionnelle, se construit dans la relation à autrui....

Enfant agité. Peut-être consomme t'il trop de sucre.

Le stress n'est pas une notion réservée à l'adulte. L'enfant y est également sujet.

Le stress est une réaction normale du corps à un évènement ou à quelque chose qui menace notre sécurité ou notre bien-être. 

A l'origine, l'énergie mobilisée par le stress était utilisée pour lutter pour notre survie, pour combattre ou fuir un danger réel, comme l'attaque d'un mammouth. Même si des menaces aussi absolues n'existent plus, le corps continue de réagir de la même façon et nous continuons à ressentir le même type de sensations. Le stress en soi n'est pas malsain. Il est même essentiel à notre développement.

C'est le stress qui nous permet de réagir quand notre enfant traverse la rue par exemple. Le problème survient quand le stress devient constant : l'énergie se mobilise sans être utilisée et peut mener à l'épuisement de l'organisme ou à l'apparition de symptômes physiques ou psychologiques. C'est ce que l'on appelle le stress chronique.

On associe souvent le stress au manque de temps mais ce n'est pas forcément toujours le cas.
Par exemple, un rendez-vous médical, même si on a tout notre temps, peut provoquer du stress pour certains. A l'inverse, une journée remplie de rendez-vous avec son bébé ne sera pas stressante pour lui si elle est abordée avec sérénité.

C'est davantage le contexte qui accompagne parfois la pression de l'évènement, des parents anxieux, qui font des reproches et/ou pressent leur enfant en faisant des demandes insistantes, qui peuvent être stressants pour un enfant.

Au niveau biologique, le stress est géré par la sécrétion de deux hormones. L'Adrénaline, par décharge en fonction du « danger », qui aide à avoir une réaction physique rapide pour penser et agir vite. C'est le stress aigüe.

La deuxième hormone qui entre en jeu dans la gestion du stress est Le Cortisol, son fonctionnement est à l'opposé de celui de l'adrénaline. En effet le cortisol est sécrété par notre organisme en permanence avec un pic entre 2H et 4H du matin. C'est cette hormone qui nous permet de nous mettre en marche le matin et de nous lever. Elle favorise l'endurance au stress en transforme le gras en sucre pour nourrir les muscles et les organes.

Dans une situation de stress prolongé, d'événements répétés, le dérèglement de la sécrétion de Cortisol peut engendrer une diminution des défenses immunitaires pouvant aller de la simple fatigue jusqu'à la dépression ou le burnout. C'est le stress chronique.

Le fait que le cortisol soit sécrété en permanence est une preuve que notre organisme est conçu pour gérer le stress. Du moins le stress aigüe. La gestion de cette situation se déroule toujours en trois phases. D'abord la phase d'alarme ou d'alerte qui est un état de vigilance, puis la phase de résistance lorsque l'événement générateur de stress survient et enfin la phase de désamorçage qui permet à notre corps, physique et psychique, de revenir à un état normal.

Les conséquences du stress chez l'enfant

Chez l'enfant, le corps produit les hormones du stress dans 4 cas  que l'on résume par l'acronyme CINE :

- Contrôle faible : l'enfant à l'impression de ne pas avoir de contrôle sur la situation,

- Imprévisibilité : la situation est inattendue pour l'enfant,

- Nouveauté : la situation n'a jamais été expérimentée par l'enfant, la situation est nouvelle

- Ego menacé : l'enfant a l'impression que l'on remet en question ses capacités et cela peut affecter sa confiance en lui. Il peut aussi se sentir humilié. Son ègo est malmené.

L'intensité du stress dépend du nombre d'éléments du CINE présents chez un enfant. Une situation qui réunit les 4 éléments du CINE entraînera donc une plus grande réponse de stress.

Les causes du stress chez le jeune enfant

Ce sont toutes les situations qui réunissent un ou des éléments du CINE, comme :

- l'attitude changeante de l'adulte qui se met soudain en colère, s'impatiente ou chicane son enfant,

- le changement de référent, d'assistant(e) maternel(le) ou de référent en garderie,

- un déménagement, des changements de place des meubles, des changements de meubles (passer du petit lit à barreaux à un lit au sol),

- une grossesse à la maison ou la naissance d'un frère ou d'une soeur, ou l'arrivée d'un nouvel enfant dans le groupe,

- les conflits entre ses parents, entre son référent et ses parents, la séparation des parents,

- le départ en week-end, en vacances,

- le départ d'un proche (papa ou maman en déplacement)

- le décès d'un proche 

- l'hyperstimulation : surplus d'activités organisées, bruits, écrans, etc...

- un changement dans les habitudes alimentaires.

Même des situations d'apparence banales peuvent entraîner un stress chez bébé. Par exemple, pour un bébé, un simple changement de couche fait par quelqu'un d'inhabituel ou même le contraste de température lors de la sortie du bain, le bain lui-même, l'eau dans les yeux, peuvent être des évènements stressants.

Les premiers jours d'accueil chez l'assistante maternelle ou à la crèche peuvent être particulièrement stressants s'ils ne sont pas soigneusement mis en place et préparés par une adaptation progressive.

Les manifestations du stress chez le jeune enfant

Les manifestations du stress sont très différentes d'un enfant à l'autre.

Elles peuvent être physiques, comportementales ou émotionnelles. Par exemple, des changements dans l'attitude de l'enfant pourraient indiquer qu'il vit un stress.

Les parents ou l'assistante maternelle qui ont l'habitude de l'enfant pourront facilement repérer les signes de stress (surexcitation ou retrait, bégaiement, pleurs ou chouineries plus fréquents, agressivité, irritation, colères, oppositions, trouble du sommeil, problèmes d'appétit...).

La timidité excessive peut être une forme de stress chronique.

Le stress peut induire chez l'enfant un comportements de retrait ou des tocs, des comportements inadéquats,  qui empêchent son développement normal.

Il est important que l'adulte évite de se centrer sur les comportement anxieux de l'enfant et lui apprenne à affronter ses peurs. Pour cela, il faudra que l'adulte évite de faire les choses à la place de l'enfant.

Il faudra également encourager toute tentative de l'enfant d'affronter une situation qui l'inquiète.

Il est impossible d'empêcher tout stress et ce n'est pas souhaitable puisqu'une certaine dose de stress est saine mais l'adulte pourra réduire les stress inutiles et éviter le stress chronique qui est le plus nuisible.

Pour permettre à l'enfant de mieux affronter le stress normal de la vie courante, il sera bon que l'adulte :

- reprenne une vie sociale après la naissance de l'enfant,

- lui fasse rencontrer de nouvelles personnes,

- l'amène dans des endroits variés,

- le fasse garder de temps en temps, et persévère, même si cela s'est mal passé la première fois.

Parallèlement, il faudra conserver une routine qui est rassurante pour l'enfant (routine horaire avec les heures de repas et de couchers toujours à la même heure, routine du dodo, routine du bain...)

Par la suite, pour faire diminuer le stress de l'enfant, il sera bénéfique de lui proposer des activités calmes, comme le yoga ou la méditation par exemple.

D'autres enfants évacuent une partie de leur stress en dépensant leur énergie à l'extérieur. L'adulte pourra leur permettre cette dépense en les accompagnant en balade, en les laissant courir, jouer au ballon, jouer au parc sur les structures, ou dans des activités sportives.

Le jeu libre et les jeux d'imitation sont aussi d'excellents moyens pour l'enfant de gérer son stress.

---------------------------------------------------------

En conclusion, pour aider l'enfant à mieux gérer son stress, il est important de l'aider à réguler ses émotions.

Pour cela, il faudra :

- reconnaître que l'enfant vit une émotion,

- lui dire que son émotion est normale, sans banaliser sa réaction ("c'est vrai que ça peut faire peur, je comprends que ce soit fâchant, mais au lieu de taper ton copain, tu peux faire autrement, par exemple...).

- "Les émotions" - Edition Milan

- "Au coeur des émotions de l'enfant" - Isabelle Filiozat

- "Grandir avec ses émotions" - Clarisse Gardet

- "La couleur des émotions" - Annan Llenas

- Les émotions de l'enfant - Isabelle Roskam

- "Grosse colère" - Mireille d'Allancé (Edition Ecole des Loisirs)